Le quotidien de notre maraîcher vu par Cécile.

lundi 13 août 2012
par  Cécile Bourdarias
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Vendredi 3 Août 9h00,

Mathieu, Fan, la femme de Mathieu et Georgia arrivent au Ferrachat. Le ciel est plutôt sombre, les nuages annoncent la pluie, pourtant quelques éclaircies nous font douter. Pourvu qu’il pleuve !!!

Vue de l’exploitation
au ferrachat
Autre vue du Ferrachat

Après avoir protégé le jardin d’un simple grillage, Fan ouvre la porte aux poules qui viennent se dégourdir les pattes près de l’abri où Mathieu trie habituellement les paniers. Plumes aux pattes, elles bectent les grains des sacs tombés hier par inadvertance de la voiture. Rien ne se perd. Et ça piaille et ça caquette joyeusement !

Beau coq de la race Gascogne

Un petit café pour commencer la journée. Notre maraîcher disserte sur l’avenir de l’exploitation, les projets à venir, la planification de la journée… Plantations, arrachage des pieds de tomates malades …

Mathieu planifie la journée


Les pieds restent beau ici malgré le mildiou (observez ses ravages à la base des pieds)

Il n’a pas plu depuis un bon moment, la terre est sèche et le manque d’eau se fait cruellement sentir. Mathieu restreint sa consommation. La source n’est pas intarissable et malgré les pluies du début de l’été, les nappes ne se sont pas suffisamment remplies. Il arrose en priorité les légumes qui en ont le plus besoin sans pour autant arroser tous les jours.

Réserve d’eau du ferrachat


Des solutions existent pour réduire le besoin en eau, mais ce n’est pas si simple. Dans un petit jardin, on dit un binage vaut 3 arrosages mais sur de grandes parcelles asséchées par le soleil cuisant, c’est irréalisable. L’idéal Mathieu le sait, ce serait un paillage ou du BRF.
Le BRF (Bois Raméal Fragmenté) est un broyat de branchages étalé au sol sur une épaisseur variant entre 3 et 5 cm. Imaginez le volume que cela représente alors pour la surface cultivable au Ferrachat ou au Fumat. C’est énorme ! D’autant que pour bien faire, le bois doit être sain. Exit les broyats de platanes des bords de route, exit les déchets verts des gentilles haies toutes droites et pleines des produits bon marché du jardinier du dimanche…
A moins d’avoir un broyeur surpuissant à avalement, rien ne sera vraiment possible.
Ben oui, c’est du bio chez Mathieu et même si les réglementations européennes s’assouplissent et permettent des paillages non bio, notre petit producteur préfère préserver son terrain et nos légumes de toute souillure pesticides !

Finalement Mathieu a dégoté 50 tonnes de pailles en bio !!! Voilà donc une solution ! L’an prochain, les terrains seront paillés ! Finalement la paille coûtera cher, mais peut-être qu’en consommation d’eau on finit par s’y retrouver ?

Avant son départ pour le Fumat, Mathieu donne quelques instructions à Georgia.
Aujourd’hui ce sera plantations ! Céleris-raves, betteraves et concombres. Il donne les distances entre chaque pied, entre chaque ligne…
Georgia se lance dans le maraîchage bio d’ici la fin de l’année. Mathieu la forme au maraîchage. Un échange qui leur convient !

Au ferrachat
Georgia et un ami de Mathieu donnent un coup de main au jardin


Georgia met beaucoup de cœur à l’ouvrage, on sent chez elle une vraie communion avec la terre. Elle commence à prospecter autour de La Roche Chalais dans un rayon assez large pour fournir des AMAPs.
J’espère qu’elle trouvera vite chaussure à son pied !
Ces petits producteurs sont d’une grande importance pour notre environnement proche. Ils participent à la préservation et à la régénération des sols, à la biodiversité, à la vie, à l’émergence d’un lendemain de nouveaux possibles…
Les AMAPs sont aussi une aide non négligeable pour que de nouveaux paysans émergent et puissent vivre de leur métier.

les filles tendent un cordeau pour planter en lignes régulières


Les filles se mettent au travail, sous les mains, la terre est plutôt sèche, difficile de travailler le sol de cette façon. La dernière fois que Mathieu a passé le tracteur, il a travaillé une bonne partie de la journée dans une épaisse fumée de poussière qui lui est revenue au visage. Pourtant on sent qu’elle reste riche et malléable. Elle n’est pas épuisée comme peut l’être la terre d’un champ de maïs conventionnel ou de n’importe quel type de monoculture.

Pour pouvoir nourrir une plante, un sol a besoin d’être lui-même nourri.
D’abord, il y a le compost constitué des déchets du jardin, de branchages… Régulièrement, Mathieu le retourne et nourrit sa terre du compost mûr.

Terre amendée au compost (au fumat)


La terre est également amendée au fumier de cheval.
Le fumier de cheval est assez pauvre, pourtant il apporte un bel équilibre aux sols. Mathieu le récupère chez une amie qui a un centre équestre. Cette année, il est allé en chercher 40 bennes ce qui reste insuffisant. En fait, 60 bennes seraient nécessaires.
Mathieu cherche des solutions. Il souhaite faire un peu d’élevage. La diversité d’activités est sans aucun doute le meilleur équilibre qui soit pour produire en bio ! En attendant, il commandera peut-être du fumier de vache mais cela a un coût… Et puis pas simple de trouver du fumier en bio…

Mathieu m’a emmenée au Fumat. J’ai été assez surprise de rencontrer la portée d’une poule fière de ses petits … canards ! Normal, les gallinacées couvent tous les œufs qu’ils soient de canards ou « d’autruche » ! Une belle revanche pour le vilain petit canard !

Maman poule et ses petits canards

Au Fumat, une partie d’un terrain s’apprête à recevoir de nouvelles plantations. Autour, les futurs légumes de nos paniers poussent, malgré le manque d’eau et le mildiou qui cette année aura fait quelques ravages.

Dans le désordre et de façon pas du tout exhaustive : Des potimarrons, du fenouil, des patates, courgettes, carottes, aubergines, tomates, panais…

Au fumat
Curcubitacées et compagnies
Aubergines


Les curiosités de vos paniers, devinez !
Un bon point pour celui qui trouve ;-)

Heureusement, après une bonne pluie, le désherbage ne sera pas trop fastidieux. Ici c’est principalement du pourpier qui pousse. Signe d’une terre compacte et manquant d’air, de sols s’asséchant vite en été.
Normal, le terrain commence tout juste a être mis à la production. Il faudra le temps de régénérer la terre et permettre aux micro-organismes d’en faire leur terrain de jeu.

De retour au Ferrachat, j’ai goûté au plaisir de mettre les mains dans la terre. Une bonne recharge énergétique ! Mais au fond de moi, je reconnais la somme du travail de Mathieu et perçois les difficultés quotidiennes que rencontrent tous les agriculteurs. Beaucoup d’incertitude sur l’avenir des récoltes, une danse savante au quotidien pour dompter le temps, les éléments et la nature sauvage.
Alors, aujourd’hui, la tomate juteuse dans mon assiette, je la mange avec délice et gratitude !


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